Errances ferroviaires

Livres de voyage en train par Joël Schuermans

Dans le voyage, ce qui compte, ce n’est pas la destination, c’est le trajet.

Un livre de voyage en train vous entraîne dans la lenteur, la conscience du déplacement, l’opportunité de la rencontre, l’improvisation du voyage. C’est une philosophie dans laquelle Joël Schuermans nous emporte à travers sa dimension et ses mots.

“La liberté comme essence

D’errer toujours à contresens

Pour arpenter les voies ferrées

Affairé à trouver une voie

Qui sans issue ne soit

Qui, peut-être, comme l’horizon

Sans cesse loin devant moi

Reste une illusion.”

La genèse des errances ferroviaires, par Joël Schuermans

« À l’époque, je lis beaucoup de littérature voyageuse et notamment Théroux, probablement l’écrivain qui a le plus écrit de livres sur les voyages en train. On se rend à chaque édition du festival de Saint-Malo et on rencontre de nombreux auteurs et avons beaucoup de discussions avec, notamment, Tesson, Franceschi, Borer et tant d’autres.

 

J’envisage alors de mener à mon tour, quelques voyages en train. Un jour, alors que je suis à la gare pour une raison que j’ignore encore, l’homme qui me précède demande au guichetier pour obtenir un billet pour Istanbul ! C’est une révélation pour moi, oui les trains sont des connecteurs au monde, oui c’est incroyable, on se rend à la gare près de chez nous, on embarque pour n’importe où et ce n’importe où est connecté au vaste monde ! Le projet des Errances ferroviaires était né. »

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Les errances ferroviaires, une collection de livres sur le voyage en train

« Je vais alors travailler sur ce projet dont le principe est simple : rejoindre la gare pied pour une destination issue de notre (Laurence, ma femme, et moi) poésie géographique intime. Y aller, puis c’est tout. Nul besoin d’y rester, d’avoir un but. Juste y aller et puis revenir. 

 

L’idée, lors de chacun des itinéraires, est de transformer le plus possible le voyage en une réelle errance teintée de l’esprit des hobos. Partir vers une destination juste parce que son nom résonne dans mon imaginaire. Partir en train, sans réservation, sans hôtel, sans visa, sans préparatif, sans guide de voyage, sans information. Partir avec un appareil photo, un carnet de notes et voyager jour et nuit dans les trains, dans les gares pour rejoindre le point fixé. Puis, peu importe la durée, le quitter, sans autre raison que parce que c’est le moment.

 

C’est également accepter d’échouer là où le dernier train du soir s’arrête. C’est attendre le reste de la nuit dans ces gares désertes le départ du premier train du matin. C’est rencontrer, s’il y a,  l’Autre dans ces lieux.

C’est rester seul quand il n’y a personne. C’est loger chez l’habitant quand cela se présente. C’est manger et boire ce que je trouve dans ces gares, rien quand il n’y a rien ou chez un hôte. C’est parfois écrire, enregistrer des sons et photographier, tout au long, jour et nuit.

C’est devenir une ombre, un errant de trains en gares et de gares en gares. C’est faire parfois des itinéraires en boucle, d’autres fois non, sans règles. C’est partir 5, 15 ou 30 jours, peu importe et changer d’itinéraire autant de fois que mon instinct, ou le contexte, me le dicte.

 

Une seule imposition : rejoindre la destination citée en titre.

 

La collection Errances ferroviaires de la maison d’éditions « Partis Pour » est née, et « Vers Varsovie » en sera le premier titre en 2019. Ce livre va rencontrer un accueil chaleureux de la part des libraires de voyage. L’objet est beau, la collection est élégante, la maison d’édition a bien fait les choses.

Vers Sarajevo rejoindra cette collection en 2021. À la suite je suis invité en librairie, à des rencontres littéraires pour parler de ma vision du voyage en train. 

Les voyages suivants seront autant de titres de livres :

Vers Belfast, Vers Syracuse et Vers Bodo…. »

À paraître :

Vers Bodø

Janvier 2025

En Scandinavie, les rails traversent d’époustouflants paysages – les voies fendent les campagnes, longent des montagnes, contournent des fjords et de vastes lacs…

Les voyages en trains par JOEL SCHUERMANS.

« Les trains comblent mes paradoxes et atténuent mes dualités. Ils sont en ville, puis, dès qu’ils s’animent, fuient vers les campagnes. On y côtoie les gens sans devoir les fréquenter. Observer ces Autres, les citoyens de Vollmann, abreuve ma curiosité. D’où leur vient cette réussite à être ce qu’ils sont ? Quelle est cette force qui parvient à les retenir à leur existence établie? Ils me semblent être, bien dans leur rôle dans la comédie humaine, mais le sont-ils ? Les trains m’emmènent vers les champs, ceux des moissons, ceux des possibles. Les paysages abreuvent mon âme, la vie des Hommes nourrit mon esprit. Les trains, y lire, y écrire, y dormir, y manger, y discuter. Ils sont tour à tour bibliothèque, bureau, véhicule, dortoir, restaurant, salon de thé… Selon mes désirs, ils se modulent, se déclinent. On peut y embarquer partout, en descendre où l’on veut, y remonter plus loin et aller au bout de la Terre. Ces voies qui crèvent l’horizon paraissent ne jamais finir. 

 

Et au bout ? D’autres gares avec d’autres rails et d’autres motrices emportant d’autres wagons où je serai peut-être, où mon esprit est déjà. Les trains traversent les cartes et nous sommes libres de les accompagner devenant ainsi ce que ce vagabond invétéré de Rimbaud nommait un enfant fou de cartes. Seraient-ils un des derniers bastions de la liberté? J’aime les trains, car ils sont lieux d’existence.

 

Beaucoup de gares et de trains occidentaux commencent à ressembler aux aéroports et avions. Les aéroports et les avions sont des lieux communs. Où que l’on aille, toutes compagnies et pays confondus, à quelques détails de modernité près, se ressemblent. Nous les quittons pour en rejoindre d’autres qui ressemblent à s’y méprendre à celui dont on s’éloigne provoquant ainsi une étrange sensation de ne pas changer de place, mais de subir le désagrément du trajet.

On se déplace assis, serré, coupé du monde, les yeux rivés sur un appuie-tête, avec, dans le meilleur des cas, une vision réduite par un hublot, sorte de lucarne sur une planète à laquelle momentanément, espérons-le, nous n’appartenons plus. 

 

Ce type de déplacement codifié et uniformisé permet difficilement de se rendre compte des distances parcourues, de l’éloignement géographique et culturel des deux endroits que nous relions. Les hommes vivent trop vite, écrivait Thoreau et l’avion en est, pour moi, un des symboles criants. Isolé dans un univers artificiel pressurisé à dix mille mètres du sol et parcourant plus de 800 km en une heure, il existe un risque que la prise de conscience de la distance physique et culturelle parcourue n’ait lieu que plus tard sous forme alors d’un choc, d’une explosion de perceptions qui peut susciter incompréhension voire une inaptitude à gérer ce changement. 

 

Le voyage en train, c’est un angle différent, me convenant. J’aime trop boire, fumer et me laisser bercer pour ça. Pas plus qu’accompagner un âne qu’il soit de chair et d’os ou métallique à deux roues. Non, pas d’exploits sportifs, pas d’originalité, pas d’effet de mode, rien de sensationnel. Le train est à contrevoie de tout cela. »

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