Premiers soins en milieu isolé et naturel

Un article de blog par Joël Schuermans

Pour une préparation pragmatique

En pleine nature, on peut être plus rapidement qu’on ne le pense en milieu isolé. Un délai de prise en charge de plus de 30 minutes en région rurale française n’est pas anormal, particulièrement dans les régions montagneuses du pays. Un accident grave survenant sur un sentier de randonnée ou au fond d’une forêt en ces régions peut encore augmenter ce délai considérablement. On l’a compris, en cas d’urgence vitale, en ces contextes, on est bel et bien en milieu isolé et surtout on est seul face au problème.

« Tout milieu peut devenir isolé ! »

Pour aborder ce vaste sujet, il faut tenter une définition : les premiers soins en milieu naturel et en régions isolées vont désigner l’assistance immédiate donnée en pleine nature ou dans une région éloignée de toute aide médicale. Ensuite, on entend par région isolée toute région située à l’extérieur de la zone de déploiement normal des services d’aide médicale d’urgences (type SAMU).

En pleine nature, l’usage d’armes à feu pour la chasse ou d’outils tranchants sur le camp exposent les membres du groupe à de potentielles blessures auxquelles il est important d’être prêt à pouvoir réagir.

Les premiers soins en milieu isolé subissent la pression des 4 D : Distances allongées – Difficultés du terrain – Délais allongés – Dépendants de la météo

Maison v.s. Nature

En Europe de l’Ouest, comme, en général, les services d’urgence et les établissements médicaux sont rapidement accessibles par téléphone et par route, la plupart des procédures de premiers soins sont axées sur la prise en charge à court terme des maladies et blessures courantes suivie d’une évacuation rapide vers la médecine professionnelle pour les cas plus sérieux.

Dans les régions isolées par contre, il est parfois impossible d’atteindre les établissements médicaux rapidement. De plus, ce qui n’est qu’un bobo au départ, une vilaine cloque, non traitée adéquatement et rapidement, peut avec les circonstances (humidité, chaleur, distance à parcourir…) et le temps devenir un problème sérieux (impotence et immobilisation, voire une infection systémique).

On peut facilement imaginer les conséquences de ce blessé qui ne peut pas poursuivre sa marche, accompagné d’une seule personne incapable de le porter, que le 1er village est à 3 jours de marche par des chemins rocailleux, que les vivres sont limités et où de gros nuages sombres s’accumulent dans le ciel… On comprend très vite alors que le bobo initial pourrait entrainer un désastre.

« Il faut savoir décider, se débrouiller et collaborer. »

Une évacuation terrestre peut vite s’avérer délicate et laborieuse. L’hélicoptère est efficace, mais capricieux et parfois très onéreux.

Préparation pragmatique

Pour ces situations, il est essentiel de posséder des connaissances adaptées afin de répondre adéquatement aux défis particuliers que représentent les milieux naturels et isolés. Et ces dernières dépassent largement le simple fait d’être capable d’administrer les premiers soins à une victime d’un accident. Nous sommes en pleine nature et de nombreuses autres compétences seront nécessaires et de nombreuses préoccupations supplémentaires seront à considérer (orientation, survie, communication, leadership, etc.).

Bien sûr la préparation de la sortie (cartographie, communication, logistique, météo…), la formation en premiers soins en aval et l’emport de kits de premiers soins adaptés sont fondamentaux.

Gérer un blessé ou un malade loin de tout requiert des compétences qui vont au-delà des seuls gestes de premiers soins.

Ensuite, quand la maladie ou la blessure survient en milieu isolé, il y aura lieu de suivre ces étapes dans l’ordre :

 

  1. Assurez la sécurité pour vous, le reste du groupe et enfin pour la victime.
  2. Évaluez et identifiez les urgences vitales et traitez les blessures en suivant l’algorithme MARCH(E) adapté aux soins en milieu naturel (voir encadré)
  3. Ralentissez el rythme et réévaluez la situation, le/les blessé(s).
  4. Prenez soin de vous et des autres participants.
  5. Établissez éventuellement un rôle de veille et élaborez un plan pour la suite.

LE PROTOCOLE (S)MARCH(E)

(S) – Sécurité pour vous, les autres, la/les victime(s).
MMassive hémorragie – Stopper tous les saignements massifs.
A Air – Libérer et protéger les Voies Aériennes Supérieures.
R Respiration – Évaluer si la respiration est adéquate et obturer les plaies au thorax.
Remarque : si à ce stade d’évaluation, la victime est inconsciente et ne respire pas, envisagez la RCP (Réanimation Cardio-Pulmonaire) après avoir communiqué avec les secours professionnels.
C Circulation – Évaluer si le blessé/malade est en état de choc.
HHypothermie/Hyperthermie et Hicking/Hélicoptère – Prévenir le refroidissement ou la « surchauffe » de la victime et décider si la victime doit être évacuée ou non. Si oui, à pied (Hicking) ou par Hélicoptère ?
(E) Et tout le reste/Évacuation – Traiter tout le reste et dans l’ordre : brûlures, plaies à la tête et aux yeux, fractures, autres plaies, autres problèmes.
Préparez le blessé/malade pour l’évacuation si nécessaire.

« En milieu naturel, il faut subvenir aux besoins fondamentaux du blessé en plus des premiers soins. »

Il n’arrive que ce qu’il arrive

Comme dit plus haut, en région isolée, de menus détails de santé peuvent tourner à la catastrophe si pas ou mal gérés. Ils peuvent compromettre votre journée, voire votre expédition voire même votre vie. Ceci dit, pas besoin de s’angoisser ou de se préparer à devoir solutionner l’ensemble de tous les problèmes médicaux possibles, car, en réalité, les statistiques médicales montrent que ce sont toujours les mêmes soucis qu’endurent les blessés ou malades milieu naturel. Les connaitre permet de s’y préparer en se format et en s’équipant de circonstance. Ni plus ni moins.

Sortie en pleine nature, quelles précautions prendre ?

  • Emportez toujours un kit de premiers soins conçus par des professionnels et spécifique au milieu naturel et plus précisément au milieu dans lequel va se dérouler l’activité (désert versus montagne par ex.).
  • Emportez du matériel que vous ou un membre du groupe est en capacité d’utiliser.
  • Formez-vous.
  • Restez humble, on ne peut pas tout solutionner.
  • Restez vigilant, tout en profitant de l’activité qui vous a amené loin de tout !

Le fait d’avoir un matériel de premiers soins bien pensé sur soi, protégé de l’eau, du sable, de la boue, de la perte assure sa disponibilité immédiate et un état optimal d’utilisation au moment opportun.

Au sein de Celops, la société que j’ai créée avec Patrice de Harlez en 2013, nous assurons la préparation et le soutien de petits groupes de personnes pour des missions et des expéditions. Principalement déployés en Afrique et au Moyen-Orient, ces clients et nous-mêmes étions confrontés au manque de kits de premiers soins adaptés au contexte spécifique de ces missions respectives.

Dès 2015, nous avons alors décidé de créer nos propres équipements pour nous équiper lors de nos missions, puis à la suite des demandes répétées de nos clients, pouvoir les équiper de la même manière.

Ces produits ont constamment évolué et petit à petit une gamme de kits individuels et collectifs se dessinait. En parallèle j’ai réécrit nos formations, rédigé des manuels et des guides de premiers soins pour les milieux spécifiques en intégrant notre conception de l’équipement adéquat pour les situations et biotopes non conventionnels. 

Une marque a alors été créée pour structurer l’image et le vecteur de distribution. C’est donc en 2020 que Solutions Trauma® est devenue la bannière officielle de ces années de recherches et de développement de kits de premiers soins.

À travers l’équipement que j’utilise pour mes missions de lutte anti-braconnage (LAB) en Afrique, vous allez découvrir non seulement ce que j’utilise, mais également pourquoi la gamme Solutions Trauma® est adaptée aux missions et expéditions, aux activités outdoor de petits groupes de personnes qui veulent pouvoir faire face au cas où ça ne se passerait pas comme prévu.

PHOTO : Patrice de Harlez et moi-même lors d’une mission de plusieurs semaines en RD Congo où nous avons formé des dizaines d’opérateurs aux premiers soins en milieu hostile et isolé à travers tout le Kivu et l’Ituri

Et en vous référant à l’adage « Qui peut le plus, peut le moins ! », en optant pour du matériel approuvé par les contextes les plus difficiles, vous êtes certains de disposer dans les situations plus conventionnelles et classiques, d’un matériel de qualité qui ne vous laissera jamais tomber.

“ Des gens qui veulent vivre le meilleur, mais tout en étant paré pour le pire. Juste au cas où. Anticiper plutôt que subir.”

LA LUTTE ANTI BRACONNAGE COMME TERRAIN DE TEST ULTIME

À travers l’équipement que j’utilise pour mes missions de lutte anti-braconnage (LAB) en Afrique, vous allez découvrir non seulement ce que j’utilise, mais également pourquoi la gamme Solutions Trauma® est adaptée aux missions et expéditions, aux activités outdoor de petits groupes de personnes qui veulent pouvoir faire face au cas où ça ne se passerait pas comme prévu.

PHOTO : En Afrique australe, lors d’un briefing d’une équipe de Spotters avant une patrouille dans le bush. Ils sont tous quipés d’un kit Solutions Trauma® de la série Ranger® et je suis équipé du sac médical de type Ranger Medic destiné à un Ranger qui possède des connaissances médicales plus avancées. Il est équipé en extérieur des porte-garrots, de la civière souple et de la sangle d’extraction Solutions Trauma®.

La LAB s’opère dans des contextes variés, mais toujours extrêmes : bush ou outback, savane ou brousse, forêt primaire, jungle, forêt secondaire tropicale, zone semi-désertique. Même si ces terrains sont des zones exceptionnelles, elles mettent à rude épreuve les hommes et le matériel. Et il est indispensable que le matériel, médical de surcroît, soit bien protégé et disponible le jour où il est requis. De même, il est important qu’il tienne dans le temps et qu’il résiste à l’usure et aux conditions environnementales, ainsi qu’aux rigueurs d’une mission de terrain dans des contextes difficiles, souvent loin de toute aide.

“ Inspiré du principe de qui peut le plus, peut le moins, concevoir des équipements qui peuvent sauver des vies dans les pires conditions garantit de disposer de produits extrêmement fiables dans des conditions d’usage plus conventionnelles ! ” 

CE QUE J’UTILISE EN LAB

A> LE CEINTURON BUSH

En mission, ce ceinturon ne me quitte pas. Il est dans le véhicule si je suis en véhicule. Il est sur moi dès que j’en sors. De plus en plus de pratiquants outdoor en utilisent des versions légères tant ce concept de ceinture avec tout le nécessaire à la taille est pratique. Les bretelles permettent de mieux répartir le poids.

  1. Pochette de décharge Solutions Trauma®

Située sur l’avant, je l’utilise dès que je dois traiter un blessé ou faire quelque chose qui réclame plusieurs mains ou génère des déchets. Plutôt que de poser les outils, des emballages, des pansements souillés, des batteries, un élément de piège photographique, des munitions, j’ouvre cette pochette ultra-compacte, la plus légère du marché, et j’obtiens un espace de rangement transitoire qui me permet de ne rien perdre ou oublier ou de ne laisser aucune trace.

    2. Pouche multi-contenu

    Leatherman Raptor®, paracord, Cyalume®, Serflex®, frontale Petzl®, torche tactique Nitecore®, stylo tactique Smith&Wesson®, feutre Stanley® noir, barres hyper protéiné, sucre, cagoule et tour de cou thermo, moustiquaire faciale, second chargeur plein pour mon Zastava, et une boussole Silva qui est mon plan B en cas de plantage de mon Garmin®66i, Firestell et briquet.

    3. Kit médical individuel Solutions Trauma® Pro/Advance

    Celui-là m’accompagne depuis trois ans sur le terrain. Sous-vide, compact, il contient tout ce que statistiquement j’ai déjà utilisé en première urgence auprès d’un blessé suite à une plaie ouverte. Il a résisté aux saisons des pluies, à la boue en forêt, à la poussière du bush, aux chaleurs de plus de 40°C, aux 100% d’humidité de la jungle. C’est un kit complet, solide, relativement léger et sur lequel on peut vraiment compter.

    4. Pouche-Conteneur optique JOUR

    Il contient une paire de Bushnell® 10X50 de la série Engage. D’excellente facture et à la luminosité exceptionnelle, cette optique est un outil indispensable pour un Ranger. Un mousqueton Spec Karabiner multi-usage, ça sert à tout (pendre une moustiquaire, une perf, un vêtement, tendre une corde…), ce n’est pas cher et léger.

    5. Pouche plat

    Pour ne pas interférer quand je porte le ceinturon et que je suis en véhicule. Permet l’emport d’équipement sans gêner la conduite. Il y a un carnet Rite in the rain®, une scie pliable Silky® Pocketboy 170 (qui me sert à élaguer les arbres quand on pose des pièges photographiques, construire des abris pour les postes d’observations, des branches pour un brancard de fortune…), une paire de gants de rechange Mechanics®.

    6. Pouche-Conteneur optique NUIT

    Il contient un monoculaire HIKMICRO Falcon 50. Cette optique thermique peut aussi être utilisée de jour, mais révèle toute son efficacité de nuit. Elle me permet de repérer un point chaud à 2 600 mètres et de l’identifier avec précision et détails à 200 mètres. Autre outil indispensable pour un Ranger.

    7. Pouche multi-tool

    Avec une Leatherman® Charge® + sets d’accessoires et prolongateur. Pour tout ce qu’il y a à faire sur le 4×4, pour les pièges photographiques, défaire les pièges trouvés ou rafistoler une clôture abimée ou comme porte-outil pour suturer. Et dans la partie avant un panel flag orange Task Force 2215 pour marquer un blessé ou un lieu d’incident.

    8. Porte-garrot Solutions Trauma®

    Ce porte-garrot est solide, polyvalent et léger, il contient un garrot tactique SICH®

    9. Pouche porte-radio

    B> CAMEL BAG

    Équipement indispensable, je ne pars jamais sans lui. Si je dois emporter un sac d’équipement spécifique ou médical, je le mets dans le sac. Sinon il est sur mon dos. C’est un modèle Ambush® de Camel Bak® Tactical Serie. Il contient 3 litres d’eau. Derrière le MOLLE, il y une pochette zippée qui contient 2 repas de survie hypercaloriques. Sur le MOLLE extérieur, il y a :

    1. Porte-garrot Solutions Trauma® modèle Jungle.

    Complètement fermé, il offre au garrot tactique TMT qu’il contient une protection accrue contre la poussière, les UV du soleil et la pluie.

    2. Pouche

    Contient un pansement hémostatique WoundClot 8x100cm, afin de l’avoir à portée de main pour moi ou un de mes équipiers si besoin.

    C> EVERY DAY CARRY (EDC)

    Si je ne suis pas sur le terrain, je suis soit au basecamp, soit sur la piste pour aller au réapprovisionnement en ville.

    Dans ce cas, je porte à la ceinture :

    1. Kit médical individuel Solutions Trauma® modèle Compact

    Cela fait 5 ans que je porte le même kit. Il est léger, solide et se fait oublier. Cela me permet de l’avoir toujours sur moi. En tant que medic, dès que quelqu’un se blesse, c’est moi qu’on appelle et je n’ai pas bien sûr toujours mon sac sur le dos. Ce kit Compact me permet de me protéger grâce aux gants qu’il contient, puis de poser les premiers gestes d’urgence si nécessaire, le temps de disposer de davantage d’équipements. Le sigle de mon groupe sanguin est plus un gri-gri qu’autre chose. Je l’ai reçu lorsque je bossais pour les Nations-Unies et je portais ce kit avec ce patche sanguin lors d’une attaque aux roquettes sur notre camp dont nous sommes miraculeusement tous sortis indemnes. Depuis je le porte sur ce kit, mais soyons clair, votre groupe sanguin n’a pas besoin d’être sur vos kits. Le jour où vous devez subir une transfusion, même sur le terrain, il sera évalué où vous recevrez le sang « donneur universel ». Le risque allergique est trop important que pour se baser sur un simple patche avant une transfusion.

    1. La Leatherman® Charge®

    Décrite plus haut, je la sors du pouche du ceinturon Bush pour rejoindre la ceinture et se tenir prêt à aider pour tous les petits dépannages du quotidien au camp ou sur la route.

    DANS UN PROCHAIN ARTICLE 

    Dans un autre épisode, je vous décrirai le matériel médical collectif que nous utilisons sur les missions LAB. Bien sûr ce qui marche dans la LAB dans le bush, marche pour tout le monde en pleine nature, en milieu isolé ou loin de toute aide médicale.

    Rendez-vous sur ce blog.

    Marque de matériel de premiers soins créée et développée par Joël Schuermans et Patrice de Harlez au sein de la société CELOPS spécialisée dans le support opérationnel des missions et expéditions de petites équipes en milieu isolé et/ou hostile.

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    D’autres informations sur ces produits sont disponibles sur le site SOLUTIONS TRAUMA